Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Frumette à cheveux longs et idées courtes
16 novembre 2022

Itinéraire d'un prénom 3/3: Sarah, ''princesse-dirigeante"

 

Abraham-and-Sarah-400x555

 

Hayé Sarah :
Pour Lech Lecha j'avais proposé ma modeste lecture biblique de certains évènements de la vie de Sarah. Itinéraire d'un prénom: Sarah 
La semaine dernière pour Vayéra j'ai exposé une étude féministe à travers deux personnages de la Bible et de leurs prénoms qui correspondent à deux manières d'envisager la féminité. Partie 2 
Les deux avaient en commun l'affirmation du particularisme; le particularisme juif dans la première partie, le particularisme féminin dans la seconde, les deux en opposition à une forme d'universalisme spirituel ou féministe.

Pour Hayé Sarah j'aimerais, à partir du commentaire de Rachi sur le premier verset de cette paracha, parler d'âge, de la corrélation entre virginité et innocence. Et en conclusion je partagerai comment je vis ce prénom. Et je serai heureuse d'entendre d'autres ressentis d'autres "Sarah" (ou d'autres prénoms). Ce n'est donc pas une étude biblique mais un billet qui prendra un aspect plus personnel que les précédents. 

Sarah, vierge éternelle

"Et les vies de Sarah furent de cent ans et vingt ans et sept ans. (Ainsi) les années de la vie de Sarah.'' Genèse (23, 1)

Rachi, commente : "A l'âge de 100 ans, elle était comme à l'âge de 20 ans à l'égard du pêché : de même que jusqu'à 20 ans (une fille) n'a pas de pêché car elle n'est pas punissable, de même (Sarah) à 100 ans n'avait pas de pêché. Et à l'âge de 20 ans, elle était comme une fille de 7 ans pour la beauté." "Les années de la vie de Sarah" : toutes (les années de la vie de Sarah)  étaient égales  pour le bien." Rachi 23,1.

En d'autres termes notre princesse-matriache n'a pas changé, ni en beauté ni en pureté morale. On peut s'interroger sur le fait que la beauté soit associée à l'âge de 7 ans et l'innocence à celui de 20 ans plutôt que l'inverse (j'ai déjà entendu l'hypothèse qu'il pourrait s'agir d'une erreur de copiste). Mais ce que le commentaire souligne est que cela semble toutefois revenir au même, puisqu'elle était à 100 ans comme à 20 ans et à 20 ans comme à 7 ans, autant en matière de beauté que d'innocence. 

La beauté physique du personnage de Sarah, maintes fois rapportée dans le Tanach et le Talmud, est ici associée à une forme de pureté morale. Une interprétation que j'ai entendue il y a 15 ans de cela, portait sur un aspecct sexuel de cette corrélation et nous avait été enseignée par une rabbanite (femme de rabbin, qui avait environ l'âge que j'ai aujourd'hui mais avait le double du mien à l'époque). De ce que mes souvenirs ont retenus elle expliquait que Sarah reflétait une forme de beauté qu'ont les enfants, une beauté d'enfant de 7 ans, de petite ou jeune fille vierge, différente de la beauté sexuée que dégage une femme de 20 ans déjà mariée depuis longtemps (à l'époque de Sarah) et consciente de ses charmes. C'est une interprétation que je crois avoir déjà entendue.

Si j'admets volontiers que la beauté d'une enfant ne ressemble pas à celle d'une femme adulte (vierge ou non) de 20 ans, j'aimerais justement m'attarder sur cette idée, qui était sousentendue en filigrane par la rabbanite de l'époque, une idée ou devrais je dire un mythe, selon lequel une femme vierge "dégagerait" une beauté différente, une innocence que ne dégagerait pas une femme ayant déjà connu l'intimité sexuelle.

En d'autres termes la virginité se "se sentirait". C'est une idée assez répandue dans la culture occidentale, mais pas forcément conscientisée ni explicitement formulée. Si les scientifiques, voir même le Talmud de manière précurseure (Ketoubot 9, 10) s'accordent sur le fait que la virginité physique relève du mythe; demeure cependant bien ancré dans nos imaginaires le concept moral de virginité. Virginité qui serait "prise", "perdue", "donnée" ou "volée". Ce qui perpétue la représentation que lors du premier rapport dit de pénétration, l'homme "prendrait" quelque chose à la femme, son innocence, sa valeur et tous les symboles liés à l'image de la virginit". Ainsi avec son entrée dans la sexualité la femme "perdrait" quelque chose, de précieux lié à la chasteté. En d'autres termes la sexualité s'opposerait à une forme de pureté, et que c'est la raison pour laquelle on pourrait "sentir" si une femme a déjà eu des rapports sexuels.

Plutôt que de longs discours théoriques je crois que la meilleure manière de contrer cette illusion, ce mythe d'une virginité "détectable", qui fait partie de l'inconscient collectif mais qui n'est justement pas théorisée et conscientisée, est simplement de constater l'existence empirique de nombreux contre exemples. 

Les personnes ne dévoilent pas à tout le monde leur vie personelle, à savoir si elles ont divorcé, ont, hzv, perdu leur femme ou mari, ou si elles ont (déjà eu ou ont actuellement) une vie amoureuse ou sexuelle. A l'inverse dans le milieux laique, passer l'adolescence et n'avoir jamais eu de rapports sexuels est source de honte, voir de moqueries. Ces aspects, parfois douloureux mais toujours intimes, sont en tout cas strictement personnels.

Ainsi nous côtoyons tous les jours dans nos collègues, amies ou notre famille, des jeunes femmes n'ayant jamais eu de relations sexuelles;  mais dont les connaissances théoriques, leur époque (la notre d'autant plus), la maturité ou les expériences de vie, font paraître plus expérimentées sur la question qu'elles ne le sont en réalité. Parler librement et sans tabou de sexualité, avoir acquis par des moyens divers et variés de larges connaissances ou des avis affirmés en la matière, ne permet nulllement de conclure que la personne ne serait plus ni innocente ni vierge (Cette conclusion hâtive lorsqu'elle est formulée, en plus d'être extrêmement indélicate et intrusive, est également blessante).

A l'inverse nombre de jeunes filles ou femmes que l'on croit "vierges" (parce qu'elles "dégagent une innocence pureté blabla que ça se sent" bref vous avez compris l'idée complètement saugrenue mais néanmoins tenace), des jeunes femmes dont on penserait qu'elles n'ont jamais eu la moindre expérience sexuelle ni même le moindre contact simplement physique avec un homme, se révèlent avoir, ou avoir eu, une vie sexuelle active. Et continuent pourtant à dégager la même "pureté" qu'elles dégageaient avant.

Car l'innocence et la sexualité n'ont rien à voir. La sexualité ne "prend" rien de pureté, la virginité "morale" ne se perd pas avec la découverte de l'intimité physique. 

Dans ma vision de la sexualité ni ma vision du judaisme tel qu'il me l'a été enseigné, l'érotisme n'est ni un "péché" ni une malheureuse nécessité avec laquelle on doit bien s'accomoder. Au contraire c'est quelque chose d'intrinsèquement sacré. A mes yeux, affirmer le contraire relèverait presque du blasphème envers le Créateur du monde. On rappelera que selon Rabbi Akiva le texte à teneur érotique du Cantique des cantiques est "le plus saint de tous les textes saints". Si dans le christiannisme les hommes et les femmes qui veulent se consacrer à la foi font voeu de chasteté, dans le judaisme c'est un commandement de se marier et d'avoir des rapprts sexuels, c'est même une stricte obligation pour le Cohen Gadol, grand prêtre.

Certes il existe, et doit exister, un cadre dans lequel cette sexualité doit être exercée au sein du judaisme: un cadre non seulement éthique (celui d'une agentivité partagée par les deux partenaires) mais également le quadre alahique des quatre coudées de la alacha (celui d'un couple marié ne se trouvant pas en situation de nidda). Evidemment que la libido peut malheureusement être détournée de son but et de son cadre, et être utilisée pour le mal, devenir un moyen de dépravation morale et de destruction d'autrui dans le cas de violences sexuelles.

Mais quelque soit son usage, rien n'enlève à son essence de Vie, divine, son caractère intrinsèquement sacré. L'intimité physique ne peut pas s'opposer à la pureté, car il est lui même pureté. Par essence l'eros, la libido c'est à dire la pulsion de Vie, et la sexualité c'est à dire les rapports intimes entre deux êtres différents, restent quelque chose de noble, de sacré et de pur.

Sarah, vierge éternelle tout en étant épouse et mère, aussi belle et pure à 100 ans qu'à 20 ans et qu'à 7 ans. Elle n'est pas (ce que sousentendait ma rabbanite de l'époque) le contre exemple, l'exception qui aurait -par miracle ou par mérite-  gardé sa beauté de vierge.

Au contraire en tant que première matriarche, Sarah est l'exemple, le modèle à suivre, la direction vers laquelle tendre. Elle est la preuve vivante et éternelle que dans le judaisme, rien de cela n'est discernable car la pureté et la sexualité ne s'opposent pas, elle est l'incarnation que l'innocence n'est pas synonyme de virginité mais d'intégrité.

Ce que je retiens surtout c'est que chez Sarah, la beauté a valeur de vérité. Sa beauté est synonyme, a pour définition la vérité. Elle est belle, au sens de elle est vraie: L'exterieur et l'interieur se reflètent l'un l'autre comme un double miroir: ce qu'elle est interieurement influence son physique et réciproquement sans que rien ne fasse obstacle la communication entre ces deux vases communiquant de manière parfaitement transparante. Et comme la bonté de Sarah reste inchangée quelque soit son âge et que cette bonté soit reflétée par son apparence, alors il est tout naturel que cette apparence physique reste tout aussi belle et inchangée à ses 100 et 20 et 7 ans, reflet parfait de ses qualités interieures.

Dans nos représentations Sarah apparaît ainsi toujours très jeune, presque figée dans une apparence juvénile. Mais il s'agit donc peut être davantage que de simple apparence physique mais plutôt de ce qu'elle reflète: une beauté synonyme d'innocence et de bonté.
Et peut être aussi d'une attitude envers la vie ; une attitude d'émerveillement constant, un être qui n'est jamais tout à fait accompli mais qui garde toujours une capacité de potentiel, une capacité de rire à 90 ans, capacité à rire qu'elle transmettra à son fils nommé ''Il rira", au futur. (Un personnage connu pour conserver une forme de naiveté, au sens noble du terme enseigne Elie Kling). Une capacité de rire et donc d'espoir.
C'est ce que j'aimerais maintenant développer.

 

Sarah, pour que le printemps ne cesse jamais.

 

«Je ne cesserai d'éclore que pour cesser de vivre » Colette
Mes amies savent que lorsque l'on veut me féliciter pour quelque chose en disant l'habituel "את מלכה  "You're a queen", je corrige toujours en disant "ha non je m'appelle Sarah! Princesse pas reine, jamais ! Même quand je serai vieille, je resterai toujours princesse" En dehors de la boutade facile, il y a quelque chose de plus serieux, quelque chose auquel je tiens vraiment dans cette préférence de terme. Ce que je vois, dans ce princesse n'est pas l'aspect féminin pailletté des rêves des petites filles. Ce n'est pas non plus cette forme de féminisme essentialiste auquel j'ai fait fait allusion dans la partie 2. Ce n'était même pas, a priori, relié à la figure de la matriarche.
Ce qui me plaît dans ce terme est complètement différent et complètement personnel. Ce que moi j'entends dans '"princesse'', c'est un printemps, une promesse, un potentiel, une question, un émerveillement enfantin.
La vieillesse, dans sa forme réussie, consiste je crois en un accomplissement, en une compréhension et expérience de la vie et du monde, une sagesse vécue, mais qui remplace progressivement  l'émerveillement, les espoirs des premières années. C'est cela la noblesse d'une femme qui a vécu, qui a appris, qui a pleinement réalisé son potentiel, d'une "reine".
J'ai l'espoir, quelque peu naïf mais parfaitement assumé, que mon prénom me protège d'une future maturité qui s'accompagne d'accomplissement mais qui dans la sagessse acquise, va justement de pair avec la perte d'une forme de naïveté et d'émerveillement. Et que que si D. me fait atteindre l'âge honorable où avec affection ou respect l'on qualifie les femmes de reine, mon prénom me protège et me condamne à ne jamais devenir reine, c'est à dire un été, un accomplissement complet, un fruit mûr sous le soleil de juillet. Pour toujours rester qu'au stade précédent, de princesse, de printemps, de question, de potentiel à devenir. à devenir encore, qu'importe l'âge et à s'émerveiller du monde, de ses cadeaux et promesses innatendues, et d'en rire à 90 ans, à 100 ans avec le même rire qu'à 7 ans.
J'ai pendant longtemps eu un peu honte de ce trait de caractère. Face aux gens qui, me connaissent pas cela me donne un air un peu enfantin parfois crédule, et renforce mon apparence physique juvénile qui m'est un peu encombrante (alors que j'aspirais au contraire à paraître plus 'femme", plus "sérieuse" et adulte, au moins autant adulte que les jeunes filles de 18, 20 ans que je croise chaque année). 
 J'aime maintenant à espérer que cette capacité naturelle d'émerveillement de laquelle on se moque parfois gentiment en me voyant m'extasier devant un caillou bleu ou sauter littéralement de joie pour un nuage ou un cours de Torah qui m'enthousiasme, que cette impression un peu candide est en fait quelque chose de plus positif que ce que je voyais au départ, et peut être est ce un cadeau qu'il ne faut pas perdre. 
"Princesse" c'est également l'espoir de ne jamais arriver au bout de quelque chose et de soi même. Toujours en potentiel, en direction. Et cela ça me plaît! Quelque soit mon âge je veux toujours être princesse et jamais reine parce que toujours printemps. En éveil, en potentiel. Je ne souhaite pas comme Camus "garder au milieu de l'hivers un invincible été". Je souhaite vieillir en gardant au milieu de l'été et de ses fruits murs, un invincible printemps, et des bourgeons, avoir toujours plus de questions que de réponses, garder une junevilité qui ne s'éteint pas et qui transparaît moralement et physiquement, l'interiorité et l'exteriorité étant reliées, devant se refleter l'une l'autre.
Au départ je n'avais absoluement pas fait le lien avec le commentaire de Rachi: c'était simplement une réflexion personelle quant au terme de princesse et de ce que cela signifie à mes yeux.
Depuis que je l'ai étudié je le dis que cette qualité à laquelle j'aspire était justement celle de la matriarche et en cela cette figure devient d'autant plus pour moi pour moi un modèle et une source d'inspiration.
Ce n'est nullement rationnel (et c'en est d'autant plus agaçant), mais j'ai parfois l'impression que les personnes portant des prénoms forts et chargés de sens, tels que Hannah, David, Deborah, Yossef, Léah, Avraham, etc, portent à leur tout petit niveau, une valeur, un trait de caractère hérité par delà les millénaires de la figure selon laquelle ils et elles ont été nommées, et ce bien au delà de l'effet Barnum. Comme si au delà des générations le prénom distillait à quelques infimes doses des souvenirs et surtout, une direction, un idéal. 
Sarah est et reste toujours princesse, quelque soit son âge. Son nom et la potentialité qu'il représente la protège en quelque sorte l'âge et ses amertumes et ses sagessses d'avoir une emprise sur son apparence mais peut être avant tout sur l'attitude envers la Vie dont l'apparence physique n'est peut être que le simple reflet.
"De la droite vers la gauche"

Première ministre, Golda Méir parlemente avec Henry Kissinger, alors Secrétaire d’Etat américain, pour qu’Israël deviennent une priorité de la politique étrangère américaine. Kissinger la prévient: « Je dois vous informer que je suis d’abord citoyen américain, puis, Secrétaire d’Etat, enfin, Juif ». Réponse de Golda Méir : « En Israël, nous lisons de droite à gauche.» 

Mon aspiration à la normalité a pendant longtemps été si fort que c'est un apaisement pour moi que de porter un prénom qui ne me démarque pas des autres, qui n'attire pas l'attention : un prénom classique, intemporel et universel; un prénom qui parle à toutes et tous, et de tous temps, tout en gardant un sens chargé, profondément enraciné à ses symboles et foncièrement juif. 

De l'autre Sarah שרה peut aussi se lire ''Shara'', elle chantePar l'action de chanter, ce prénom au dessus du temps ouvre alors une fenêtre sur le temps présent, sur l'éphémère, il constitue une forme d'ancrage dans le réel, dans une action dirigée, celle de chanter. Et c'est d'autant plus symbolique pour moi qui aime tant chanter et en ressent le besoin pour arriver à vivre enfin comme un cadeau l'instant-présent.

Je suis née avec deux prénoms. Mon second prénom, qui signifie littéralement "Lumière (est ou de) mon Dieu"est certes très joli, mais aussi loin que je me rappelle je ne me suis jamais sentie à l'aise, c'est à dire moi même, avec. Néanmoins il était le premier apparaissant sur ma carte d'identité française et c'est ainsi que l'on m'appelait lorsque j'étais enfant.
Sarah, bien que choisi par mes parents et inscrit sur mes papiers dès ma naissance, était mon prénom juif, donc non utilisé. Car dans la famille où je suis née l'identité juive était symbolique, secondaire, tout aussi secondaire qu'un second prénom. Or au grand dam de mes parents bien aimés, mon judaisme prit une telle place dans mon identité, que tout ce qui aurait du être secondaire (à leurs yeux du moins), devient essentiel et invesement. 
Ainsi en montant en Israël, mes prénoms et leurs symboliques respectives, sont maintenant lues de la droite vers la gauche, pour reprendre le mot de Golda Meïr; leur ordre a simplement été inversé ou devrais je dire, restauré, dans mes papiers d'identité israéliens.

Certaines personnes ressentent le besoin de changer de prénom ou d'en ajouter un, qu'elles choisissent; quand bien même certaines portent déjà un prénom juif. Je n'ai ni changé ni ajouté de prénom et ce détail est important pour moi. Car je n'ai pas choisi de m'appeler Sarah. Tout comme je n'ai pas choisi d'être juive. Mon prénom et mon judaïsme m'ont tous deux été donnés à la naissance. J'ai simplement choisi d'en faire usage.

C'est donc un choix sans être un choix, ou plutôt c'est le choix de ''devenir ce que je suis''. Et de m'efforcer d'être digne du prénom que je porte, que je porte le plus haut que je puisse en essayant d'en être digne et de l'incarner de toutes mes lettres.

 

*C'est mon amie Myriam Sommer Ackermann me fait remarquer qu'il y a quelque chose d'enfantin chez Sarah, jusqu'à son rire. 
Et cest mon amie Gaelle Hanna Serero qui m'a rappelé que la capacité à rire de Sarah se retrouvait dans l"éthymologie transmise à son fils
Publicité
Publicité
Commentaires
Frumette à cheveux longs et idées courtes
Publicité
Frumette à cheveux longs et idées courtes
Visiteurs
Depuis la création 3 512
Archives
Publicité