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Frumette à cheveux longs et idées courtes
3 août 2023

Meetoo et moi

 

“Vous n’avez pas le droit d’avoir votre opinion. Vous avez le droit d’avoir votre opinion renseignée. Personne n’a le droit d’être un ignorant.” 
Harlan Ellison 
Et si meetoo n'avait pas changé grand chose ? 
J'ai lu quelque part que, en dehors des personnes qui étaient déjà sensibles à ces questions, les mentalités n'ont pas vraiment évoluées. Que nous jeunes femmes qui fréquentons les cercles féministes, avons l'impression que ça a changé : car nous baignant dans ce milieu là, sommes entourées de personnes un minimum sensibles à cette cause. Mais quand on sort de cette sphère jeune et engagée, quand on discute avec le francophone juif (ou pas) moyen, les mentalités n'auraient pas changé. 
Je ne savais pas que penser de cette théorie. Cette dernière année, plusieurs expériences m'ont convaincue que cette analyse très pessimiste pourrait malheureusement s'avérer très juste. Dans ce post j'aimerais d'abord rappeler quelques faits élémentaires sur les violences sexuelles. Je crois que c'est très important d'avoir cette petite piqûre de rappel. Ensuite je raconterai trois de ces annecdotes. 
NB: certains événements ce sont passés avec des personnes que je connais et apprécie, certaines depuis de longues années. Je n'ai donné aucun élément permettant de les identifier bien sûr. Mais j'effacerai tout commentaire qui se concentre sur la personne et ses propos, plutôt que sur la problématique générale que je souleve. Ce qui m'intéresse ici c'est le lien qu'ont entre elles ces différentes expériences, lorsqu'on les regarde avec plus de hauteur. Et certainement pas les personnes. D'ailleurs de telles réactions sont malheureusement communes, elles arrivent partout, dans chaque famille. Il serait je crois très déplacé de critiquer, quand nous avons toutes et tous êtres chers qui tiennent des propos problématiques (quand ce n'est pas nous-mêmes). 
Quelques rappels qui ne devraient plus être rappelés. 
- Porter plainte est un processus long, fatiguant, coûteux (aussi bien financièrement que psyhiquement), et qui a peu de chances d'aboutir. Il est très déplacé de dire à la victime "ce qu'elle devrait faire" car personne d'autre qu'elle ne vivra à sa place cette épreuve. 
- 9 femmes sur 10 ne portent pas plainte. Et non, elles ne sont pas "c... de ne pas porter plainte" (voir annecdote n°3"). Au contraire: elles savent plus que tout le monde, qu'elles ont personnellement tout à y perdre)👇
- Sur 10 plaintes déposées, 9 plaintes n'aboutissent pas (et se retournent alors contre la femme, qui est accusée d'avoir menti et sali un homme par vengeance ou pour de l'argent. (Cf annecdote n°1 sur Ary Abittan). 
- Quand une plainte est classée sans suite, cela ne veut évidemment pas dire que le mis en cause n'est pas coupable. Mais plutôt que les preuves sont jugées "insuffisantes". Ça veut souvent dire que malgré les preuves l'agresseur est un homme si sympathique et apprécié, qu'il ne convient pas à l'image sur l'on se fait d'un violeur. Alors que la victime elle, c'est un peu sa faute quand même: elle n'aurait pas dû ... lui faire confiance/ être maquillée/ l'aimer/ boire/ attendre pour porter plainte/ mettre une jupe /l'embrasser/ sortir seule le soir/ exister /insérer une autre proposition de votre choix. 
- Dans la très grande majorité des cas la victime connaît bien, voir très bien son agresseur. 
- Dans 47% des cas le viol est commis par le conjoint ou ex conjoint. 
- Dans la majorité des viols, il n'y a pas usage de force physiques et le viol ne laisse pas de séquelles corporelles (le cas Abittan est une exception). Pour rappel si la victime dort, est ivre, elle n'est par définition pas en état de donner son consentement. L'état d'ébriété de la victime ou de l'agresseur est circonstance aggravante pour l'agresseur (en théorie). 
- Très souvent la victime est paralysée et ne se "défend" pas. (état de sidération, emprise, etc voir à ce sujet les travaux de Muriel Salmona). 
- Les fausses accusations sont un mythe, elles ne représentent entre 4 et 9% (selon les études) des plaintes (et en général ce sont des plaintes déposées par procuration). En d'autres termes il y a plus de 90% (si ce n'est 95%) de probabilités que l'accusation soit vraie quand une femme a le courage de se rendre au comissariat pour porter plainte (et on rappelle encore une fois que 9 victimes sur 10 ne portent pas plainte). 
- Une femme n'a aucun intérêt (et certainement pas un intérêt financier) à accuser un homme de violences, encore moins un homme connu. Lorsqu'elle le fait, elle SAIT que sa plainte seule ne va certainement pas aboutir, qu'il faudra la parole de plusieurs femmes (40 pour PPDA?) pour valoir celle d'un seul homme.
- Le violeur qui surgit d'un parking sombre pour violer une jeune femme jolie (mais pas trop) ce n'est pas la réalité des viols mais celui des films. Le viol de tous les jours est sans couteau et ne laisse pas de traces physiques. 
Et si il y a des lésions vaginales et anales, (comme dans le cas Ary Abittan) mais que l'homme fait des bonnes blagues, qu'il est sympa et qu'en plus c'est un acteur alors c'est ce n'est pas un violeur, car les violeurs sont des monstres.
Spoiler : sauf exceptions "les monstres ça n'existe pas. Il n'y a que des êtres humains" et la banalité du mal(e): des hommes absolument communs, charmants, qui un jour voient dans une femme (qu'ils connaissent dont ils se savent appréciés voir aimés) une occasion. Une occasion qu'ils saisissent, sachant à raison qu'ils auront peu de chance de payer le prix de leurs actes.
 Les violeurs ce sont nos, vos fils chéris, frères adorés, collègues sympas, rabbins érudits, enseignants respectés, voisins ou amis si charmants, les bons pères de famille, (oui les vôtres aussi!). 
Ce sont des hommes ordinaires qui ont grandi, que leurs besoins en général, et leurs besoins sexuels en particulier doivent être satisfaits. Qui ont intégré que si la femme est belle ou les attire physiquement, elle est déjà un peu coupable de ce qui risque de lui arriver. Ce sont des hommes qui ont appris la sexualité via la pornographie à l'âge où il apprenaient aussi que le masculin l'emporte sur le féminin. Qui ont vu dans Star Wars que si on force un peu une femme qui dit non, elle peut ensuite dire oui et tomber amoureuse de vous. Qui ont entendu qu'une main aux fesses c'est un je(un) que tout le monde faisait à la bonne époque, qu'un baisé volé fait partie du romantisme à la française, et qu'une fille doit s'habiller tsniout pour ne pas tenter les hommes, sinon qu'elle ne s'étonne pas si il lui arrive quelque chose. 
Mais après tout ça n'est pas si grave, car eux ne sont pas des violeurs, pas même à leurs propres yeux c'est insultant! Car le violeur, le vrai c'est cet Autre, qui un couteau à la main surgit des parkings. Et surtout de nos imaginaires. 
Annecdotes :
Annecdote n°1:  
La page Facebook de "Radio Shalom 94.8" annonce que l'acteur Ary Abittan n'est plus accusé de viol, et ce malgré que la victime présumée (qui a porté plainte immédiatement) porte des séquelles physiques (sang, lésions vaginales, anales, stress post-traumatique, etc). De manière unanime, tous les commentaires condamnent non pas la décision judiciaire mais.... la femme "menteuse" qui, certainement pour de l'argent accuserait à tort ce pauvre Ary Abittan, cet acteur sympa que tout le monde aime beaucoup, qui fait des blagues si drôles.
Sous ce post il n'y avait pas quelques commentaires, mêmes minoritaires pour croire et soutenir la victime. J''étais au départ la seule (!) à écrire quelque chose en ce sens. Ensuite quelques rares femmes ont commencé à écrire aussi. Mais la très grande majorité des internautes défendaient cet acteur tellement drôle, et un juif en plus, qu'il est forcément innocent. 
Donc, 6 ans après MeeToo, une femme a le courage de porter plainte contre un acteur connu... Il y a du sang, des lésions vaginales et anales qui attestent de la véracité de son récit. On rappelle que c'est extrêmement rare d'avoir des preuves physiques à charge, car général un viol ne laisse pas de séquelles corporelles. Mais ce n'est apparemment pas suffisant: l'acteur est bien trop sympathique. Comme 9 plaintes sur 10 celle-ci n'aboutit pas. Non seulement Ary Abittan est libre mais soudain la sacro-sainte présomption d'innocence (brandie dès qu'un homme est accusé de violences) ne marche plus pour elle. C'est la victime qui est donc traînée dans la boue, accusée d'être une menteuse, une allumeuse, une femme vénale qui salit un pauvre homme, pour de l'argent.
J'ajoute qu'il m'apparait de la responsabilité de la page Radio Shalom et de leurs journalistes de modérer leurs commentaires. (Certains n'ont pas de place sous le post). Mais aussi de faire attention à la manière dont ils présentent l'information sur un thème si délicat à un public si ignorant du sujet. Pour reprendre la citation d'Ellison, non tout le monde n'a pas "le droit d'avoir une opinion" (et encore moins de l'exprimer) si cette opinion n'est pas renseignée. Et de toute évidence la plupart des gens qui donnent leur avis n'ont jamais ouvert une étude à ce sujet. 
Pour rappel des femmes ayant subi des violences sexuelles lisent les commentaires des réseaux sociaux, surtout ceux qui les concernent. Dans cas de l'affaire Walder une victime s'est suicidée suite à tous les commentaires qui à son "esped" on fait de Walder un tsadik, et qui accusaient les victimes d'avoir dénoncé les actes qu'il a commis. 
Annecdote n°2: 
Je suis à un dîner de shabat chez des gens que j'apprécie beaucoup et connais depuis des années. À ma gauche une jeune fille de 16 ans. La conversation dérive sur le sujet des violences sexuelles. Le père de famille, environ 50 ans, un ami de longue date, un homme intelligent et sympathique, tient des propos que je trouve hallucinants, sur les prétendues fausses accusations et sur les dangers du discours féministe sur les hommes. Il prend pour exemple un homme de sa connaissance qui aurait été détruit par ce mouvement: il aurait été accusé et condamné de violences sexuelles. Évidemment il est innocent, c'est son pote, c'est un type bien et voilà les dégâts de ces féministes! La jeune fille (d'une rare maturité pour son âge) est silencieuse, mal à l'aise. Je contredis mon hôte et ami, études et chiffres à l'appui, en m'efforcant de répondre le plus patiemment et rationellement possible, surtout lorsque mon interlocuteur s'emporte (pensée pour Laurent Trèves et aux exercices de débats fallacieux de Kol-Elkes). Au bout d'un moment ma jeune voisine ose participer, prendre parti. Et lui fait d'ailleurs très lucidement remarquer que si un homme a été condamné pour violences sexuelles (chose assez rare) les chances qu'il s'agisse d'une erreur judiciaire sont quasi nulles. On a ensuite beaucoup parlé et il se trouve qu'elle a déjà été confrontée à ces questions et a été soulagée de mon intervention. 
Annecdote n°3: 
 Plusieurs mois plus tard je suis invitée à un autre dîner de shabat, également chez des gens que j'aime vraiment beaucoup. A mon grand désarroi la conversation s'engage encore sur les violences sexuelles et comme l'autre fois une jeune fille de 16 ans est assise à la table. Cette impression de déjà vu me laisse présager que je vais avoir du mal à finir tranquillement mon repas. Je suis fatiguée et je n'ai absolument pas envie de participer à la conversation, mais impossible de ne pas intervenir, car certaines remarques m'horrifient: 
Sur le cas d'un homme qui aurait agressé sexuellement une femme et sa fille, j'entends -de la part d'un jeune homme -haredi de mon âge et père d'une petite fille- qu'il a fait "une pierre deux coups". La remarque sensée faire rire était j'imagine au second degré, mais moi je suis ébouillantée. Ou encore par un homme -approchant la soixantène et aussi père de plusieurs filles- qui estime que "Les femmes sont c... de ne pas porter plainte", témoignant par cette remarque naïve d'une méconnaissance totale du sujet. Quant à Walder d'après les deux hommes assis c'est "une affaire compliquée", "on ne saura jamais la vérité vu qu'il est mort", "qui est on pour juger si on n'est pas la police?", "il s'est quand même suicidé sur la tombe de son fils". Et ce malgré le nombre élevé de victimes qui témoignent, malgré les interventions du Rav Eliahou, etc. 
En parlant plus tard avec la jeune fille elle fait lucidement remarquer que l'homme haredi de mon âge utilisait "l'humour" (douteux) et la dérision à chaque fois qu'il n'avait pas d'argument. En d'autres termes elle a très finement observé ce qu'il se passait pendant la discussion. 
Dans les deux annecdotes, je suis intervenue et ne me suis pas laissé le choix de réagir. Cela m'est pourtant très désagréable de le faire. Déjà je suis invitée et je n'ai pas envie d'entrer en conflit avec mes hôtes, que dans les deux cas j'aime beaucoup. Plus généralement je n'aime pas avoir ce rôle: Je suis certes "engagée" mais je ne suis pas militante. Encore moins quand je suis fatiguée, et que ma seule envie est de passer un repas tranquille. 
La raison principale pour laquelle je suis intervenue est qu'il y avait, dans les deux repas, une jeune fille à table. Et en présence d'une jeune fille, qui comme toute femme risque un jour de se voir confrontée à ces problématiques (si ce n'est pas déjà le cas depuis bien longtemps), il est crucial qu'il y ait un discours qui explique pourquoi c'est important de croire la parole des femmes et de les soutenir. Un discours qui débunk ces mythes de fausses accusations et toute la culture du viol qui l'entoure.
J'aurais bien aimé que quelqu'un d'autre que moi dise tout cela, d'ailleurs j'aurais voulu croire que certaines fausses croyances auraient enfin été dépassées. Apparemment je me trouve souvent seule à table à avoir étudié ce sujet. Ce travail d'éducation post meetoo devrait être fait à l'école et à la maison. 
Mais la plupart du temps, encore plus dans les milieux juifs, c'est le message inverse qui est véhiculé, preuve en est. Et cela influence la perception des adolescentes. Je me rappelle du jour où j'avais entendu une jeune fille religieuse qui affirmait que si une femme ne s'habille pas "bien" alors elle est un peu responsable si elle "se fait" violer. J'avais alors perdu tout argument, occupée à tenter chercher ma mâchoire, tombée au fond dans mon bouillon. Je n'ose imaginer ce que font les prédateurs sexuels face à des femmes qui ont autant intégré l'inversion de la culpabilité. Et c'est justement pour ça que je me sens obligée d'intervenir, alors que je préfèrerai largement passer un repas tranquille. 
De même dans les commentaires Facebook, lorsque je réponds à quelqu'un sur ce sujet ce n'est pas pour convaincre mon interlocuteur (qui aura peu de chance de changer d'avis) mais pour les personnes qui lisent. 
Je sais que les victimes des violences sexuelles, parfois celles dont on parle, regardent les commentaires. Et qu'il est absolument crucial, pour ne pas dire vital pour elles, de lire qu'elles sont crues. Et que c'est aussi important aussi toutes les femmes qui un jour prochain seront peut-être aussi victimes. 
Ou peut-être pas? À titre personnel cette connaissance m'a protégée voir sauvée de personnes ou situations dangereuses. Alors peut-être qu'à force de sensibilisation, parce qu'elles l'auront lu quelque part sur Facebook, entendu à un dîner ou ailleurs, peut-être qu'elles arriveront à dire non, arriveront mà parler, le jour où leur ami, leur enseignant, leur mari, commencera à forcer une interaction sexuelle, en leur disant que, s'il fait ça c'est à cause d'elle et de leur tenue pas tsniout, en leur disant qu'elle n'a plus le droit de refuser maintenant, et que de toute façon si elle parle, personne ne la croira. 
Quand j'interviens dans ces conversations il m'est important de paraître convaincante aux yeux de qui écoute. Non par ego personnel, mais parce que je sais l'influence que peut avoir ce genre d'échange sur une jeune femme. Justement car elle entend des propos venant d'hommes bien plus âgés, justement car ils affirment leur point de vue avec cette assurance (assurance qui n'est absolument pas synonyme de connaissances) avec laquelle parlent souvent les hommes, encore davantage ceux ayant dépassé la cinquantaine. Il est essentiel d'opposer à cette confiance virile, un discours fondé sur des études, sur des faits, des chiffres et des témoignages.
 Il ne s'agit pas seulement de montrer que je connais davantage le sujet (ce qui pour le coup n'est pas difficile car la plupart du temps mes interlocuteurs sont ignorants en la matière alors que je m'y intéresse depuis de longues années). 
Ce qui est essentiel (et le plus fatiguant mentalement) c'est surtout la forme, l'impression que cette conversation laissera dans les esprits, surtout les plus jeunes. 
Or l'opinion qui se construit, dépend moins de ce que l'on dit que de l'assurance avec lequel on le dit. Et les armes ne sont pas égales. Tout d'abord en ma qualité d'invitée. Mais aussi car lorsqu'un homme juif ayant dépassé la cinquantaine s'exprime c'est en général avec beaucoup de confiance, quand bien même son opinion repose sur des biais cognitifs évidents (par exemple mon ami qui croit encore que son pote est innocent alors qu'il à été non pas accusé mais condamné pour violences sexuelles). 
Plus ces hommes parlent sur ce ton, celui qu'un homme se permet d'employer sans même y penser lorsqu'il n'est pas d'accord, et plus je réponds également sur le même ton. Cela paraît naturel pour un homme, mais surprend toujours davantage chez une femme, voir même peut se révéler contre productif dans certains cas. (D'ailleurs si mon but avait été de convaincre mes interlocuteurs masculins (qui ont peu de chances de changer d'avis), alors plutôt que d'attaquer leurs arguments d'une voix ferme il serait certainement plus "efficace" d'utiliser le sourire, la douceur, le doute, l'appel à la compassion et compréhension, bref d'utiliser une rhétorique de la soumission / rhétorique "féminine" (Faiblesse et féminité étant intrinsèquement liées). Mais ce ne sont pas les interlocuteurs masculins qui sur lesquels je me concentre, bien que c'est à eux que je réponds. 
C'est aux yeux des personnes qui écoutent la discussion plus qu'elles n'y participent, que je souhaite paraître convaincante. C'est là l'enjeu. Et pour cela il me faut absolument parler de manière assurée et être ferme, face à ses messieurs. Leur dire très clairement que leurs propos ou opinions ne sont pas tolérables, non seulement car ils sont inexacts et complètement hors sol, mais qu'en plus ils sont dangereux. En d'autres termes il est nécessaire de m'opposer à eux de manière aussi frontale qu'ils se permettent naturellement de le faire avec moi. Paradoxalement le fait qu'une invitée, habituellement calme et discrète, change soudainement d'attitude et se permette de contredire ouvertement le chef de famille, montre qu'il s'agit de quelque chose de grave et important. 
Bien évidemment je reste toujours courtoise et respectueuse, c'est essentiel. Non seulement par décense personnelle, mais aussi car attaquer et blesser mes interlocuteurs ferait l'effet inverse sûr les membres féminins. 
 Mais, et c'est là que ça peut bloquer, si je reste toujours respectueuse de la personne, c'est sans différence de sexe.
En général un homme coupe souvent la parole surtout aux femmes, affirme plus qu'il n'émet des hypothèses, parle fort, et n'écoute pas les femmes autant qu'elles l'écoutent lui. Quelque soit le sujet je m'adresse à un homme de la même manière qu'à une femme. Je refuse de donner aux hommes le "kavod" (j'utilise le mot en hébreu qui a une connotation différente qu'en français) auquel ils sont de par leur sexe habitués sans même en avoir conscience. En cela j'imagine que mon attitude peut surprendre, voir déranger. Car elle est contraire à la norme sociale, d'autant plus intégrée qu'elle est implicite, qui veut qu'une femme s'adresse à un homme en hésitant plus qu'en affirmant, avec timidité, et une humilité teintée de crainte et de respect car c'est la sage opinion masculine qui prévaut, surtout en matière de connaissance, connaissanes du monde ou de Torah. 
Dans les deux annecdotes je ne pense pas avoir pu convaincre les interlocuteurs masculins. Par la corrélation de leur sexe et de leur âge ils ont déjà peu de chance de changer d'opinion, et il est aussi probable que leur ego ait pu aussi se sentir un peu froissé, du fait d'avoir été contredis frontalement par une femme, plus jeune de surcroît, sur un sujet qu'ils ne maîtrisent pas. 
En revanche j'espère avoir planté des graines en donnant à entendre aux autres personnes, surtout les jeunes filles présentes, une opinion qui paraît aussi assurée et surtout plus renseignée. 
Mais à long terme est ce que ça change vraiment quelque chose ? Sincèrement je ne suis plus sûre. 
Photo : toilettes femmes de l'Université Paris-Nanterre
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