la la land danse

"Ce n'est pas par manque d'amour. Au contraire. C'est par excès. Vous comprenez, nous nous aimons assez pour sentir à l'extrême le mal que chacun de nous fait et nous ne pouvons pas le supporter. Alors chacun veut, chacun doit rejeter la faute sur l'autre. Si nous pouvions au moins entretenir cette colère injuste, l'existence serait plus facile, peut être. On aurait pour soi le sentiment du droit, de la vertu offensée. Mais nous nous aimons trop pour ne pas sentir très vite la bêtise, la laideur de ces crises (...) . Le pire, c’est le moment où l’on n’est plus porté par la colère ou déchiré par la pitié. C’est quand on est tranquille ou lucide. Parce que là, on voit qu’il n’y a rien à faire. Non, il n'y a rien à faire quand les gens s'aiment trop pour pouvoir vivre l'un sans l'autre, mais qu'ils ne sont pas fait de manière à pouvoir mener la même vie, et que ce n'est la faute de personne.
Eux, ils ne le savent pas encore. Mon mari, le moindre répit, et il croit de nouveau tout possible. Mais moi, je sais."
(Joseph Kessel, le Lion.)

Ce que j'ignorais

L'amour ne suffit pas.
On a le droit de changer.
Etre le plus différent l'un de l'autre, le plus complémentaires possible, n'est pas toujours gage d'entente conjugale. Parfois il est aussi bien d'avoir quelques points communs
Il est possible de se séparer "romantiquement", d'ouvrir un dossier au rabbinat main dans la main, d'apporter un cadeau le jour de la séparation, de faire les cartons de l'autre, d'essuyer ses larmes et de danser ensemble sur Brel entre ces cartons chaque jour qui reste encore une danse, jusqu'à le guett nous sépare. L'échec de mon premier amour est l'une de mes plus grandes fiertés. A défaut d'avoir réussi notre mariage nous avons réussi notre divorce. Il est possible de se quitter avec amour, respect et honneur. Même en étant deux enfants de divorce difficiles, même quand tous les séparations dont on a été témoin ou entendu parlé nous réflètent ce qu'il y a de plus petit et de plus triste de deux bons êtres en souffrance. Il est possible de se séparer en refusant de chercher ce qui "nous revient", ce à quoi l'on a "droit"; mais plutôt ce que l'on peut donne à l'autre, encore et toujours et jusqu'à la fin. Car l'amour c'est donner à l'autre, son temps, son attention, sa liberté, son bonheur et son avenir.
Il existe des "langages de l'amour", différentes manières d'aimer / de se sentir aimé. C'est un un long travail que d'apprendre à donner à l'autre ce que lui ressent comme de l'amour et c'en est un encore plus difficile d'apprendre à reconnaître ce que l'autre nous donne comme de l'amour à sa manière
Il est préférable de reporter la séparation en cas de dispute pour ne pas se quitter à chaud sous la rancoeur et le ressentiment mais plutôt attendre de réparer avant de se séparer,à froid avec respect et affection. Pour ne pas avoir de regrets ensuite.
La vie à 2 nous fait découvrir le pire de soi, des choses que jamais l'on aurait pu imaginer être en soi, être soi. Et miracle parfois l'autre nous aime quand même, ,nous aime encore.

Ce que je savais déjà avant de me marier (et qui a été confirmé)

Quand quelque chose est cassé on ne jette pas mais on répare.
Aimer et pouvoir vivre ensemble sont deux choses différentes.
Pouvoir vivre ensemble et être heureux ensemble sont aussi deux choses différentes.
L'amour n'est pas un sentiment passif mais un choix, un travail, conscient et actif.
Ne pas se toucher avant de vivre ensemble, garder les découvertes sensuelles pour la personne avec qui l'on aimerait construire à long terme est un cadeau. C'est merveilleux que de s'apprendre soi même en apprenant l'autre.
La communication non violente est un outil essentiel. De même qu'il existe des règles pour conduire et que ne pas les respecter sous pretexte de liberté est dangereux, il existe pour comminiquer des règles tout aussi contraignantes. Les sacrifier sur l'autel de la sacro sainte liberté n'est qu'illusion.
Se réserver des moments de qualité où l'on partage sans écran en se regardant dans les yeux est essentiel
Il n'y a rien de plus vrai que les bras de l'être aimé après une dure journée
L'amour n'est pas de retomber en enfance et attendre de lautre qu'il nous devine telle une mère devine (croit on) les besoins de son bébé. Nous n'avons pas à attendre que l'autre devine nos intentions, nos blessures ou nos besoins de l'autre sans que nous ne les exprimions explicitement.
On est responsable de ce que l'on fait et dit mais pas de ce que ressent l'autre.
Aimer l'autre plus que tout veut dire le faire passer avant tout, absoluement tout, si il y a un vrai besoin
La transparence totale va de pair avec un respect total de l'autre dans son intimité. Avoir le mot de passe ne veut pas dire que l'on peut rentrer sur le compte de l'autre. On n'ouvre ni les lettres ni le facebook de l'autre.
Le désir est un travail, tout aussi conscient et actif que l'amour. La maison n'est pas le lieu où l'on enlève ses talons hauts mais celui où on mes mets en priorité. On est responsable non du désir de l'autre mais de ce que l'on fait pour l'entretenir. On est responsable non de désirer l'autre mais d'exprimer ce qui nous permet d'entretenir notre envie de l'autre.
Pour que cela marche on n'aime pas une personne mais toutes les versions de cette personne, toutes les personnes en une personne
En offrant un présent on cherche ce que l'autre aime et non ce que nous aimerions avoir comme présent
On ne doit pas chercher à changer l'autre ni à le faire devenir le conjoint de nos rêves mais l'aider à le faire devenir la meilleure version de lui même ce qui est parfois très différent de notre idéal de conjoint

Ce que je croyais juste mais qui ne l'est pas toujours

J'étais convaincue que l'on ne doit jamais tenter de changer l'autre en son conjoint idéal mais plutôt l'aider à devenir la melleure version de lui même. J'ai appris que si devenir la meilleure version de soi même ou réaliser le plein potentiel de la relation n'intéresse pas notre moitié et cela aussi est légititime et doit être respecté
J'ai appris qu'il y a différentes manières d'être différents de la même personne et me séparer de quelqu'un de mon Autre, de mon opposé ne veut pas dire que je ne pourrais pas retrouver quelqu'un de tout aussi opposé à moi mais autrement.
Je pensais que l'important n'était pas d'être toujours d'accord mais plutôt de savoir résoudre ensemble un désaccord (sage conseil de mon rabbin). J'ai appris que parfois savoir ensemble résoudre un problème n'est pas suffisant
J'ai toujours affirmé et je le pense encore, que l'épidémie de divorces est en partie due à une société de consommation compulsive qui abandonne la relation à la moindre difficulté pour chercher de nouveaux papillons dans le ventre même si les papillons ne vivent qu'un jour. La volonté de ne pas participer au capitalisme amoureux m'a longtemps été un frein à la séparation. J'ai appris qu'il existe des vrais cas particuliers et que je pouvais vraiment en faire partie sans que ce ne soit une illusion de mon égo. J'ai appris que ce n'est pas parce que l'on divorce de quelqu'un de bien qu'obligatoirement on préfère jeter plutôt que réparer. Quand ce sont les conseillers et les rabbins qui conseillent la séparation ce qui est rare c'est déjà signe d'une situation hors norme.
Je pensais quil fallait avant de s'engager et de tomber trop amoueux s'assurer que les manières de vivre et les projets étaient suffismment compatibles. J'ai appris que si c'est vrai, parfois on évolue. Et tant mieux mais les êtres deviennent trop éloignés l'un de l'autre pour vivre à la fois heureux et ensemble. Si c'est une magnifique aventure que d'apprendre à aimer les versions 2.0 et 3.0/ etc de l'être aimé il arrive quelquefois que l'on doive se séparer pour ne pas renoncer à soi.

Je l'entends le vacarme des pensées qui cherchent l'explication. "Tu n'aurais pas du te marier si jeune" "Vous n'auriez pas du vous marier sans vivre ensemble avant" etc. L'humain horreur du vide, de la question, et préfère au prix de la vérité, chercher de fausses raisons logiques plutôt que de rester avec des questions. C'est plus rassurant de pointer des erreurs. Les gens, les proches en particulier ont besoin de (se/me) dire "tu aurais dû", d'un "je savais qu'il aurait fallu ....". Personellement j'abhorre ces phrases commençant par "tu devrais/ tu aurais dû". J'ai toujours préféré les paradoxes aux demi vérités et j'affirme que non, ce n'était pas une erreur. Ce mariage n'était pas une erreur. Divorcer n'était pas une erreur. Se marier à 20 ans n'était pas une erreur. Non nous n'étions pas trop jeunes. Ne pas vivre ensemble avant le mariage n'était pas une erreur. Au contraire. Attendre d'être mariés avant d'avoir un contact physique n'était pas une erreur. Rien de tout cela n'était une erreur. Moi aussi pendant longtemps je l'ai cherché l"'erreur", la raison logique de cet fin dont on ne voulait pas. Parfois il y a des cas particulier, parfois c'est juste les évenements imprévus de la vie qui fait évoluer deux êtres de manière imprévue chacub qui si ils ne s'en aiment pas moins ne peuvent plus être à la fois heureux et ensemble. Et si je ne l'aime plus du moins plus d'un sentiment amoureux, je ne cesserai jamais d'aimer les jours où je l'ai aimé.

Leçons de mon plus bel échec ou comment réussir son lalaland

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