Petite anecdote vieille de quelques années
Pendant 3 ans j'ai eu la chance de travailler dans la vieille ville de Jérusalem, au carrefour des quartiers juifs, musulman et arménien. Un jour un homme juif s'en ai pris violemment au dirigeant du magasin en face du mien car deux enfants arabes venaient de rentrer dans mon studio. Je me suis mise en colère et je suis demandant à cet homme de partir car je ne veux pas d'un raciste devant mon magasin. Il m'a traitée de "gauchiste" et a commencé à me parler de "sionisme". Je l'ai informé qu'en matière de sionisme je n'ai de leçon à recevoir de personne. J'habite depuis 10 ans en Judée Samarie, j'ai tout quitté à l'âge de 15 ans pour venir vivre seule ici par amour de ce pays qui m'étais alors aussi mien qu'inconnu. Quelle est donc cette étrange définition du sionisme, si commune et si lâche, qui consiste à davantage détester les Arabes qu'à aimer et donner à son pays?
Ce charmant personnage m'a rétorqué que le jour où ils me jetteront des pierres je penserais autrement. Ce qu'il ignore c'est que justement la veille, des arabes avaient tiré où jetté des projectiles sur mon tram. Mon voisin a continué à se disputer avec cet homme pendant que j'ai fait rentré les deux enfants arabes dans le magasin, je les ai embrassé et me suis excusée pour les propos de ce juif qui me faisait honte d'appartenir au même peuple.
Une fois l'incident clos j'ai appris deux choses. Premièrement que cet homme a personnellement souffert de violence arabe. Peut être que l'un de ces proches a été assassiné dans un attentat, j'ignore de quoi il s'agit exactement. Deuxièmement j'ai appris que ces deux enfants avaient "provoqué" cet homme, que leurs parents les poussaient à aller tous les jours dans les rues crier des insanités aux juifs. Peut-être venaient ils juste de dire "mort aux juifs" lorsque je suis arrivée ?

Est ce que cela doit changer quelque chose ? Non.
Est ce que j'aurais agi autrement ? Non.
Ce sont et restent des enfants face à un adulte.
Simplement peut être que je n'aurai pas tendu l'autre enfin embrassé la joue de ces mômes qui venaient certainement de souhaiter ma mort sans même savoir, du moins je l'espère pour eux, ce que la mort signifie.
La morale de cette histoire ? Il n'y en a pas. Ou justement c'est peut-être cela qu'il faut retenir. Que c'est une erreur d'attribuer spontanément un attribut moral, un jugement de valeur, des sentiments, des intentions bonnes ou mauvaises à des personnes inconnues. Qu'il faut s'en tenir aux actes, aux faits, toujours. Que lorsque l'on ne possède pas tous les éléments il ne peut pas y avoir de certitude encore moins morale. Ce quartier de la vieille ville de Jérusalem je le connaissais par coeur pourtant. J'y ai travaillédu matin au soir pendant 3 ans. Je connais ses ruelles, ses chats, ses commerçants arabes et juifs qui me saluaient page mon nom chaque matin, j'ai vu grandir ses enfants, j'y v(o)is la coexistence chaque jour. Et cette coexistence existe et est belle à vivre. J'ai agi comme si je pensais savoir alors que j'aurais du agir, sans rien penser du tout. (Et si quand on y vit on ne sait pas, enfin pas toujours, alors à fortiori quand on ne vit pas en Israël, il n'y a aucun avis à émettre sur ce pays quel qu'il soit).

La morale de l'histoire

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