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Frumette à cheveux longs et idées courtes
19 août 2021

Témoignage: récit d'un shabbat raté. Partie 1: Face au mur et au bas de l'échelle.

 

 

 

 

Photo prise de la ezrat nachim de la Hourva à Jérusalem

Photo. L'intérieur de la synagogue hiérosolamitaine de la Hourva, vue de la ezrat Nachim (côté des femmes) 

Cela fait longtemps que je ne prie en synagogue seulement lorsque la mehitza (séparation) coupe la pièce en longueur ou de manière latérale. Quand l’espace réservé aux femmes se trouve au-dessus de celui des hommes ou derrière eux (comme c’est majoritairement le cas) je peux y accompagner mes hôtes, mais sans prier, je ferai alors ma tefila seule et plus tard. J’étais depuis longtemps mal à l’aise mais il y a un évènement en particulier qui me fit prendre cette décision. J’aimerais ici partager cette vieille histoire:

 

A l’époque je rencontrais quelqu’un. C’était une personne pratiquante, très instruite, érudite en Torah, tout en ayant un discours et un comportement très féministe, du moins en apparence. Il avait donc tout pour me plaire. Nous nous étions déjà vus plusieurs fois, et avions prévu de nous voir ce shabbat à Jérusalem et bien sûr de prier ensemble. En dehors de l'histoire du repas (voir partie 2) le shabbat était plutôt bien parti, il avait même mis un costume et une cravate bleues car il savait que j'adore cette couleur. Ni lui ni moi n’étions du quartier alors le vendredi soir nous avons cherché une synagogue (il ne voulait pas mettre les pieds dans une synagogue Habad, arguant que toutes ces photos du Rabbi étaient « de la avoda zara » de l’idolâtrie).  Nous avons finalement été à Maayanot, synagogue assez connue à Jérusalem.

C’est un très bel office, très jeune, il y a beaucoup de chants, la mehitza entre les sexes partageait la salle dans le sens de la longueur et les deux côtés étaient bondés de foule (oui c’était bien bien avant le Corona). Ce fût très agréable pour nous de prier à côté, de s’entrapercevoir de part et d’autre de la mehitza, de s’entendre chanter. Nous avons passé un très bon moment.

Le lendemain matin nous aurions voulu retourner à Maayanot mais comme leur tefila commence tôt et que nous étions déjà en retard nous avons cherché une autre synagogue qui commencerait l’office plus tard. Nous avons longtemps tourné dans Jérusalem, nous nous sommes perdus plusieurs fois, haletant de chaleur, jusqu’à enfin tomber sur une synagogue. De style très haredi (ultra-orthodoxe) et qui justement s’apprêtait à commencer Chaharit, la prière du matin. Ne demandant pas notre reste, nous nous sommes vite souhaités une bonne tefila et pendant qu’il entrait par l’entrée principale, comprenez celle des hommes,  je me dirigeai vers le fond du bâtiment pour trouver la ezrat nachim, l’espace réservé aux femmes, qui se situe souvent en arrière. J’entrai et je me retrouvai alors face à… un mur.

Un mur opaque. Poinçonné de très petits trous. Et par-dessus le mur, un rideau de dentelle (l’aspect « féminin » sans doute, délicate attention). On n’est jamais trop prudent, des fois qu’un homme ne se retournerait complètement, pose sciemment un œil contre l’un des minuscules orifices et alors aperçoive misère de misère, une chevelure féminine. 

Bref ne voyant rien, n'entendant pas la prière et considérant que ce lieu ne me permet pas de prier et encore moins de me sentir respectée en tant que fidèle, je sors de la synagogue. Se trouvaient quelques jeunes hommes qui avaient décidé qu’ils préféraient prier en extérieur, accolés aux fenêtres parallèles à l’office. Je les ai rejoints,  (l'espace public est à tout le monde non?)  mais un peu en arrière. Paradoxalement je me sentais faire bien plus partie du kahal, de la communauté, en étant hors de la synagogue plutôt qu'à l'interieur : Malgré le mur (le mur d'enceinte de synagogue cette fois) j’étais physiquement bien plus près des hommes que lorsque j’étais derrière eux. Je voyais donc l’office, certains de ses participants et j’entendais bien davantage la prière. Et malgré cela je me rappelle ne pas avoir pris le risque de me mettre sous la fenêtre la plus près de la teva : j’aurais non seulement été davantage visible par les hommes de la synagogue (du moins s’ils décidaient de s'intéresser à ce qu'il se passe à l'exterieur de la synagogue plutôt que de suivre leur prière devant eux). Mais aussi car j’aurai été proche des quelques marginaux qui s’octroyaient le luxe de prier dehors plutôt que dedans. Ils avaient accaparé la « meilleure fenêtre », sans en avoir conscience et certainement sans mauvaise intention. Simplement par habitude masculine de s’approprier l’espace public de leur choix, en toute innocence, sans se poser plus de question. J’ai donc prié un plus en retrait. Je sentais déjà qu’en priant près des fenêtres je jouai avec les limites acceptables par cette communauté. Me rapprocher de la première fenêtre, et des hommes qui y étaient accolés aurait pu provoquer une altercation que je ne souhaitai vraiment pas à ce moment-là.

Je faisais parfois quelques allers retours à la "ezrat nachim". Vers la fin de la prière les quelques femmes présentes commencèrent à s’activer pour préparer le kidouch, le petit apéritif servi après l'office (toujours bien plus avantageusement du côté masculin de la table). Je me rappelle notamment d’une matrone, c’est malheureusement le mot que j’ai trouvé le plus approprié pour qualifier cette femme énergique qui paraissait ne se faire aucune illusion sur la vie, avoir élevé dix enfants et pouvoir en élever dix encore. Elle me donnait une impression quelque peu féroce et directive: Une dame très assurée mais sans grâce aucune ni dans ses manières ni dans son style, aux gestes et langage brusques, elle m’effrayait un peu et dirigeait les autres femmes afin que tout soit fin prêt au moment où ces chers messieurs finiraient leur prière. Je n'en suis plus sûre mais je crois même qu’elle m’a demandé de mettre la main à la pâte.  En tout cas je ressentais une pression sociale qui me faisait me sentir mal à l’aise de prier (du moins d’essayer) plutôt que d’aider ces femmes qui s’agitaient en tous sens. 

Je n’ai pas aidé ces femmes car j’étais venue pour prier et non pour préparer quoi que ce soit, encore moins pour des Messieurs qui eux prient tranquillement. Mais je me suis quand même sentie mal à l’aise de ne pas le faire.
Un peu comme lors des repas de shabbat où les femmes profitent que les hommes chantent des zmirot (chants de shabbat) ou font un devar Torah (petit cours) pour débarrasser les salades et amener le poisson (s’il n'y a un seul plat de houmous pour l’accompagner celui-ci sera bien évidemment disposé du côté masculin). Nous devrions je pense chanter toutes et tous ensemble puis débarrasser ensemble également. C’est d’ailleurs ce que je fais, j'espère par ailleurs être une invitée serviable et polie, mais j'aide à débarasser lors des "temps morts", et ce que les autres se lèvent ou non d'ailleurs . Mais lorsque les hommes sont assis et qu'ils chantent ou discutent alors non je n'aide pas les femmes. Car moi aussi je souhaite chanter, écouter le cours et ô scandale y participer. J’estime en avoir tout aussi bien le droit que les hommes qui restent assis sans se poser nullement ce genre de question eux. Mais je ressens pourtant un malaise à ne pas me lever aussi pendant que toutes les autres s’activent autour de moi et que les hommes eux ne bougent pas, ne s’interrompant dans leurs tirades que pour complimenter la texture des boulettes.

Mon attitude crée alors une dissonance cognitive qui dérange la dynamique sociale instaurée. En particulier chez certaines femmes: Si elles ont intégré, parfois depuis enfant, de servir les hommes; elles n’ont par contre, pas l’habitude de servir une femme qui reste assise discute avec eux. C'est comme si en restant sur sa chaise et en participant aux activités shabbatiques "masculines", cette femme assise s'octroyait une position sociale supérieure, celle d'un homme lamed (ou lambda) et ainsi les rabaissait indirectement. De l'autre côté elles sont bien conscientes qu'elles ne peuvent pas me demander de me lever les aider à la cuisine sans l'exiger aussi des hommes.

Mais revenons à notre synagogue, si l'on peut appeler synagogue un tel lieu. Après un temps qui me parut interminable l’office se termina. Evidemment je n’entendis rien au kidouch car il fût fait et servi majoritairement du côté des hommes; et c’est avec difficulté que j’ai pu obtenir quelque chose à boire ou à manger. 
Quand lui et moi nous fûmes enfin rejoints, je lui demandai comment avait été sa tefila. Ah il était très content : la synagogue (comprenez le côté masculin) était très jolie et ce fût une bien belle prière. Quand il me retourna la question je lui racontai mon amère expérience.
Il était sincèrement désolé pour moi et il comprenait bien mon indignation et mon sentiment d’humiliation. Au bout d’un moment me voyant toujours silencieuse de colère froide il me demanda un peu déconcerté : « Tu m'en veux? » Je lui répondis que non; ce n’était pas de sa faute, il ne pouvait pas savoir.
Il confirma : Il n’avait « pas vu », et si nous avions su, nous serions allés prier ailleurs car cette synagogue n’était vraiment respectueuse. 
Nous changeâmes de sujet. Mais j’avais  vraiment du mal à parler d’autre chose et étrangement à lui parler à lui tout court. Après un moment d’introspection pour tenter d'expliquer rationellement un sentiment qui me surprenait la première je lui dit « Tout bien réfléchi tu as raison, je crois que je t'en veux».
Complètement perdu et sur la défensive il m’en demanda la raison et je tentai de lui expliquer que je savais bien qu’il n’y est pour rien, qu’à titre personnel il défend les espaces égalitaires et qu’il n’a selon ses propres mots « pas vu ».

Mais que là est le problème. Le fait de ne « pas voir ». De ne pas (se) poser la question. De faire partie d’un groupe social privilégié qui peut vivre en jouissant du privilège de ne pas « voir » que d’autres n’ont pas du tout cette possibilité. D’ailleurs lorsque l’on pouvait rentrer dans une synagogue Habad il a très bien « vu » ce qu’il considère comme le problème des photos du Rabbi. Il avait d'entrée de jeu annoncé qu'il n'entrerait pas dans une synagogue Habad. Pourquoi n'a t'il pas annoncé aussi qu'il n'entrerait pas dans une synagogie où la mehitza est un poulailler? De manière plus générale pourquoi les hommes (qui se montrent souvent si chatouilleux lorsque le rite ou l'ordre du kaddich n'est pas conforme à ce qu'ils ont l'habitude) ne refusent ils pas d'office d'entrer dans des synagogues qui ne respectent pas leurs épouses, mères, soeurs,  filles? 

Il prit très mal mon reproche. Il argua, et à raison que nous sommes allés dans cet endroit par hasard, par retard et méconnaissance du quartier, qu’il n’avait pas eu la possibilité de vérifier avant, et que je ne devrais pas le tenir coupable de quelque chose qui n’est nullement de son fait. Sur cela il avait raison. (En plus je savais que sa synagogue  habituelle était respectueuse des femmes sur ce point). 
 Je tentai de lui expliquer que je parle de quelque chose de bien plus global, qui dépasse cette expérience dans sa particularité propre. Je parle de ce privilège qu’ont certaines catégories de population de pouvoir vivre sans « voir », voir par exemple que d’autres sont face à un mur, métaphorique ou réel. Ou plus trivial mais pas moins représentatif; ne pas voir qu'à un repas de shabat lui en tant qu'homme aura droit à une assiette en céramique et sa soeur à du plastique car "il n'y en avait pas assez pour tout le monde".(Marche aussi avec les crackers ou les verres à vin). Et qu'ils n'y font pas attention car ils ne regardent pas plus loin que leur assiette (assiette en céramique j'insiste). Je parle du fait que la vie d’un homme surtout s'il est blanc et hétérosexuel, est bien plus facile que celle de n’importe qui d’autre (ce n'est pas de leur faute bien sûr) et qu’en n’en étant pas conscient (ça par contre c'est de keur responsabilité), cela ne risque pas de changer. Je parle du fait que dans le même travail ou même situation sociale, lui et moi serions jugés selon des critères différents, et qu’à ce jeu il gagne. Et qu’il a le culot de nier cette réalité, car cette réalité il ne l'a jamais observée ni vécue. 
Ce qu’il prit personnellement, c'est à dire encore plus mal(e).

Il me dit qu’il est difficile de « monter l’échelle » : que ce qu’il avait réussi à accomplir professionnellement était le fruit d’efforts, d’années de travail, d’épreuves et de fatigue. Et certainement pas parce qu’il est un homme blanc et qu’on l’aurait avantagé de par son sexe ou sa couleur de peau. Ce qui est vrai. Pour ma part j’étais encore plus en colère de me voir le rassurer lui, sur ses mérites et capacités individuelles (que j'estimais par ailleurs) , alors que je venais d’être victime d’une discrimination religieuse systémique de par mon sexe. C’est pour moi une inversion des rôles représentative de la tendance de beaucoup d’hommes à tout ramener à eux. Lorsque les femmes parlent de violences sexuelles, les hommes rappellent le pourcentage infime ou bien d’hommes violés (violés par des hommes pour la majorité des cas) ou bien de fausses accusations (un mythe, du moins si l'on se base davantage sur les chiffres que sur les peurs masculines). Quand les femmes dénoncent le harcèlement de rue ils déplorent leur peur de ne plus pouvoir draguer ou de prendre l’ascenseur avec une femme et les excès du féminisme. Lorsqu’il est question de tâches ménagères ils rétorquent en cœur le classique « pas tous les hommes, d’ailleurs moi je… ». Et lorsque je me plains du fait qu'en tant que femme je vais être jugée selon d'autres critères que mes seuls mérites, il est vexé que je ne reconnaisse pas selon lui ses efforts et ses mérites qui lui ont permis de progresser socialement. Moi je moi je moi je.... 

  Je n’ai pas réussi à lui faire entendre mon point de vue et nous nous sommes disputés comme cela toute la journée de shabbat. Autant dire que ce ne fût pas le rendez-vous le plus réussi. Ce que je cherchai à démontrer n’est pas qu’il aurait réussi telle ou telle chose en raison de son sexe ou de sa couleur de peau. Mais que son sexe ou sa couleur de peau n’ont jamais été des obstacles pour lui. Ce qui peut paraître évident et devrait l’être, mais ne l’est pas. Il existe assez d'études qui prouvent qu’une même idée ou attitude sera perçue différemment selon qu’elle soit avancée par un homme ou par une femme. Ex: Que le même texte sera évalué différemment selon que le nom en bas de page soit un nom féminin ou masculin. Etc, etc, etc.

 Il est facile de défendre la méritocratie quand on est soi-même jugé avec des principes méritocratiques. Car c’est une chance et un privilège d’être évalué selon nos forces et nos lacunes, c’est-à-dire selon nos réelles capacités ou incapacités. Ce n'est pas le cas de tout le monde. Lui me parle des "dures (je n’en doute pas) lois du jeu" mais en omettant complètement que nombre de personnes sont d‘office hors-jeu. "Monter l’échelle" à la force de ses bras cet de ses efforts, est certainement un exercice difficile, périlleux, un parcours d’endurance et plein d’embûches. Mais pour certains et surtout pour certaines, l’échelle commence plus bas que le niveau zéro. Pour d’autres encore l’échelle est carrément couchée au sol, il la leur faudra lever avant de pouvoir penser à la gravir. Et ce, quand les premiers se félicitent de suer en montant les échelons de la leur, à la force de leurs seuls bras musclés. Des hommes, des vrais! 

C’est ce que j’ai-je crois réussi à lui faire comprendre, plus tard. Je lui envoyai une scène de « La source des femmes » l’un de mes films préférés (qu'il a visionné pour moi par ailleurs). L’histoire se passe dans un village musulman traditionnel: L’héroïne du film prend la tête d’ une petite révolution de femmes dans le but d’obtenir davantage de droits et de respects par les hommes de leur communauté. Elle est la seule de son village à être mariée à un homme féministe qui défend en public et en privé un islam éclairé. Lorsque la révolte qu’elle a déclenchée prend des proportions qui les dépassent, son mari cherche à comprendre l’acharnement de sa femme à continuer le combat. « Lorsque l’on a commencé une guerre, dit il, il faut aussi aussi savoir l’arrêter ». Elle lui explique que «ce n‘est pas elle qui a commencée la guerre. La guerre et ses dégâts étaient déjà là ». La seule différence, dit elle, est qu’auparavant la guerre était gardée dans les cœurs des femmes qui subissaient sans rien dire. Et qu’aujourd’hui elles refusent de ne pas se défendre. Effectivement c'était bien plus simple lorsque les femmes étaient oppressées en silence et qu'elles ne faisaient pas d'histoires (par exemple lorsqu'elles priaient tranquillement derrière les hommes puis leur amènent le kidoush, tout sourire). En d'autres termes dit elle, choisir d'arrêter de subir humiliations et injustices en silence ce n'est pas commencer la guerre.  Le conflit est déjà déclaré par ceux qui commettent les violences, non par celles qui les dénoncent et refusent désormais de les accepter sans mot dire. Son mari comprend mais s’étonne pourtant : Mais lui, en tant qu’époux, lui ne la respecte-il pas ? A-t-elle un seul moment eu la sensation d’être sous-estimée par lui ? Ce à quoi elle lui répond qu’elle « existe ». En tant que femme. Car avant d’être son épouse elle est une femme. Quand bien même la relation conjugale entre eux est égalitaire, elle souhaite de lui le respect de l'homme qu'il est, envers la femme qu'elle est. Au delà de leur lien marital et au delà de leur individualités respectives.

On reproche parfois -et à raison- à certains hommes de défendre l’égalité salariale ou l’étude féminine, mais d’être loin des belles valeurs qu’ils prônent lorsqu’il s'agit de savoir que leur bébé a une couche taille 3 sans demander à leur femme ou si on a une nouvelle bouteille de produit vaisselle (non ce n'était pas à Madame de  prévoir d'en racheter) : car le souci mental journalier de ces détails triviaux (appelé communément la « charge mentale ») ne fait pas partie de leurs priorités quotidiennes. En d’autres termes on reproche souvent aux hommes un fossé entre leur convictions féministes affirmées en public (et souvent sincères) et leur attitude en privé. Je crois que le reproche peut également être fait en sens inverse:

Dans le lien que j’avais avec cet homme par exemple, lors de nos rencontres et échanges inellectuels je me sentais, la plupart du temps, parfaitement respectée en tant que femme. Mais dès lors que notre individualité propre se perdait dans la catégorie sociale à laquelle nous appartenions respectivement alors il reprenait, peut être sans en avoir conscience, des réflexes "d’homme", c’est-à-dire dans le contexte sociologique actuel, des réflexes de dominant et de privilégié. Ce qui a pour conséquence qu’il  peut lui avoir la possibilité de « ne pas voir » que je n’ai pas d’endroit respectueux pour prier. Possibilité que je n’ai évidemment pas.  Car moi je n'ai pas le choix. Moi je suis face à un mur. Cela a aussi pour conséquence que lui peut, s'il est assez intelligent et travailleur, grimper l'échelle professionelle et être jugé selon ses mérites, ses efforts ou au contraire ses failles. Et pas selon son sexe ou ses habits.

Si j’avais seulement eu cette mauvaise expérience de me retrouver face à un mur opaque, j’aurais continué à fréquenter la synagogue le shabbat. D'ailleurs comme toute femme juive pratiquante j'ai déjà, Dieu Bénisse, un lot bien garni de mauvaises expériences à la synagogue. Mais la discussion qui s’en est suivie: le fait de me sentir aussi face à un mur devant un homme a priori « féministe », le fait qu'il ne comprenne pas en quoi le problème dépasse cette simple matinée, ni en quoi son attitude fait partie du problème, le fait que je doive lui expliquer et qu’il ne saisisse qu’au bout de beaucoup de temps et d’efforts de ma part et non de la sienne, quelque chose de pas si compliqué pourtant; cela fût le point de non-retour. Ce fût la dernière fois.
La dernière fois que j'ai prié derrière.
D'ailleurs c'est aussi la dernière fois que je l'ai vu. 

 Edit: J'ai ajouté une seconde annecdote avec le même homme, et pendant le même shabat, mais concernant cette fois  la charge mentale. 👉 Partie 2: décharge mentale 

 

 

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Commentaires
P
Merci de votre intérêt. <br /> <br /> <br /> <br /> Oui il y a d'autres possibilités. Même dans un espace moins spacieux les femmes peuvent prier latéralement aux hommes. Ou parallèlement. C'est le cas dans plusieurs synagogues de mon yishouv où d'ailleurs le Sefer Torah passe chez les femmes de manière complètement naturelle. Et ce que j'apprécie c'est justement le fait que l'on n'en fasse pas un grand sujet de militantisme mais que cela se passe avec autant de simplicité que d'évidence. Et s'il n'y en avait pas alors on en crée. J'ai assez confiance en l'intelligence juive pour trouver des solutions à des problèmes bien plus complexe qu'une simple mehitza. <br /> <br /> Et si les femmes n'ont pas l'obligation de prier en minyane elles sont en revanche astreintes à prier La valeur d'une prière juive sans collectivité c'est un sujet qui m'interroge et j'aimerais prochainement partager une réflexion sur ce point. <br /> <br /> <br /> <br /> Quant aux tâches domestiques j'entends bien votre sentiment personnel et j'aimerais beaucoup partager votre optimisme. Mais je préfère m'appuyer sur les études sur le sujet et statistiques :malheureusement nous sommes bien loin d'un partage équilibré dans les tâches ménagères. (Pendant les confinements ces inégalités ont au contraire augmenté). <br /> <br /> Les études soulèvent également un point intéressant: les hommes ont globalement et le plus sincèrement du monde, l'impression d'en faire plus qu'ils n'en font réellement dans le domaine des tâches ménagères. C'est peut être la différence entre "y prendre une part " (en d'autres mots aider activement aux tâches ménagères) et faire sa part.
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S
Merci de votre intérêt. <br /> <br /> <br /> <br /> Oui il y a d'autres possibilités. Même dans un espace moins spacieux les femmes peuvent prier latéralement aux hommes. Ou parallèlement. C'est le cas dans plusieurs synagogues de mon yishouv où d'ailleurs le Sefer Torah passe chez les femmes de manière complètement naturelle. Et ce que j'apprécie c'est justement le fait que l'on n'en fasse pas un grand sujet de militantisme mais que cela se passe avec autant de simplicité que d'évidence. Et s'il n'y en avait pas alors on en crée. J'ai assez confiance en l'intelligence juive pour trouver des solutions à des problèmes bien plus complexe qu'une simple mehitza. <br /> <br /> Et si les femmes n'ont pas l'obligation de prier en minyane elles sont en revanche astreintes à prier La valeur d'une prière juive sans collectivité c'est un sujet qui m'interroge et j'aimerais prochainement partager une réflexion sur ce point. <br /> <br /> <br /> <br /> Quant aux tâches domestiques j'entends bien votre sentiment personnel et j'aimerais beaucoup partager votre optimisme. Mais je préfère m'appuyer sur les études sur le sujet et statistiques :malheureusement nous sommes bien loin d'un partage équilibré dans les tâches ménagères. (Pendant les confinements ces inégalités ont au contraire augmenté). <br /> <br /> Les études soulèvent également un point intéressant: les hommes ont globalement et le plus sincèrement du monde, l'impression d'en faire plus qu'ils n'en font réellement dans le domaine des tâches ménagères. C'est peut être la différence entre "y prendre une part " (en d'autres mots aider activement aux tâches ménagères) et faire sa part.
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Y
Intéressant. J'ai cliqué sur le lien FB. <br /> <br /> Mais avez-vous pensé à une autre possibilité?<br /> <br /> Ma fille a, comme vous, senti une injustice et un déséquilibre au détriment de la gente féminine. <br /> <br /> Je lui ai dit qu'on pouvait inverser la donne. <br /> <br /> Si les espaces réservés aux femmes sont étriqués, c'est dû au fait qu'elles ne sont pas obligées d'aller à la synagogue. D'ailleurs, elle l'a mieux compris quand j'insistais auprès de mes fils pour qu'ils se lèvent le Chabbat pour la prière. <br /> <br /> <br /> <br /> Quant aux généralités où l'homme est publiquement féministe mais ne sait pas où est l'éponge pour faire la vaisselle, elles semblent être réduites à des clichés.<br /> <br /> Je ne saurais vous apporter des statistiques, mais nombreux sont les époux qui prennent une part active à la cuisine et autres tâches ménagères.
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